Dans le milieu animaliste, on aime bien les critiques (surtout celles constructives). C’est pourquoi nous avons trouvé pertinent de créer une Foire Aux Critiques plutôt qu’une FAQ ¯\_(ツ)_/¯

« Nous devons lutter contre la compétition entre militant·e·s, pas l’encourager. »

La compétition n’est pas l’objectif du prix, car bien que nous ne la jugions pas forcément négative, nous ne croyons pas être en mesure de la susciter. Des prix immensément plus prestigieux, comme le Prix Nobel de la Paix, doté de 1 million d’euros, ne suscite probablement aucune compétition entre les gens voulant agir pour la paix. Nous voyons mal comment notre tout petit prix, sans aucune récompense autre que symbolique, pourrait créer un effet compétitif.

Ceci étant, l’idée que des animalistes entrent en compétition et tentent de se dépasser pour agir de la manière la plus efficace possible pour les animaux est loin de nous rebuter ! Nous avons constaté une tendance à dénigrer les initiatives des autres, mais nous voulons croire qu’il ne viendrait à l’idée d’aucun·e militant·e de tenter de sortir du lot en démolissant les projets d’autrui plutôt qu’en faisant de son mieux pour les animaux. C’est pourquoi nous prenons plutôt ces critiques comme des occasions d’améliorer notre action pour les animaux, par exemple en l’expliquant mieux.

« Nous ne sommes pas là pour nous pavaner, vous encouragez l’égo chez les militant·e·s. »

Il est clair que notre but commun et de mieux aider les animaux, et non nous pavaner (qui le fait ?). En revanche, il nous semble important, pour que davantage de personnes soient motivées à aider les animaux, que cette lutte soit plus agréable. Nous ne pouvons sans doute pas avoir un impact important de ce côté, mais nous nous disons qu’une personne qu’on a remerciée et qui est estimée pour ses actions animalistes a plus de chances de continuer à agir. Plus important, nous pensons que créer une ambiance bienveillante, où les personnes qui agissent pour les animaux sont reconnues pour leurs efforts, ne peut qu’inspirer et encourager les passages à l’action.
En revanche, l’égocentrisme peut effectivement aussi avoir des effets négatifs : choisir les actions non pas pour leur utilité pour les animaux, mais parce qu’elles nous font nous sentir comme quelqu’un de bien ou provoque l’estime d’autres militant·e·s. Ce genre de procédé est encore plus toxique lorsqu’il est utilisé pour se donner une image de saint·e et abaisser la garde d’autre militant·e·s contre des agissements sexistes, homophobes ou racistes.
Nous ne pouvons malheureusement pas nous prévenir totalement de ce genre d’effet négatif, mais nous essayons de le minorer :

  • d’une part en faisant de notre critère d’évaluation l’utilité pour les animaux sur le long terme (et non la popularité) et en donnant des clés de réflexions pour y aider ;
  • d’autre part en interdisant aux nominé·e·s d’appeler à voter en leur faveur, mais plutôt d’appeler à évaluer ce qui semble le plus utile pour les animaux.

« Il est impossible d’évaluer l’efficacité d’une action pour les animaux sur le long terme. »

Il est vrai que nous ne pouvons jamais être certain·e·s des très nombreuses conséquences qu’ont chacune de nos actions. En revanche, à chaque fois que nous agissons dans un but comme aider les animaux, nous le faisons en estimant que les conséquences de nos actes seront bénéfiques. Lorsque nous visons des objectifs aussi lointains qu’une prise en compte suffisante des intérêts des animaux ou la fin de l’exploitation animale, nous sommes forcément contraint·e·s d’agir dans l’incertitude. Le prix est plutôt une contribution à la réflexion collective sur ce qui pourrait aider au mieux les animaux qu’un jugement sûr et définitif de ce qui leur sera effectivement le plus utile. Nous voulons encourager et croyons en l’intelligence collective du mouvement lorsqu’il s’agit de réfléchir à des problèmes aussi complexes. Nous ne manquerons pas de rappeler lors des votes ou de la remise des prix que ces derniers ne sont que les fruits d’hypothèses collectives.

« Ce prix de l’animalisme n’a aucune légitimité à juger les actions militantes. »

Nous ne demandons pas aux gens de croire que telle ou telle initiative en faveur des animaux était effectivement la meilleure de l’année passée. Nous tentons en revanche de révéler une opinion collective sur ce sujet. Nous tentons à cet effet d’avoir un processus très participatif.

Nous invitons également toute personne souhaitant contribuer bénévolement à l’organisation du prix à nous rejoindre, quelles que soient ses convictions éthiques ou stratégiques.

« Les activistes aux actions illégales, ou toutes les personnes qui ne passent pas leur temps sur les réseaux sociaux ou dans un certain milieu parisien, ne seront jamais valorisées. »

Sans porter aucun jugement sur l’efficacité de l’illégalisme, nous tenons tout de même à signaler que ces actions sont assez largement commentées et exposées dans les milieux militants aussi bien que dans les médias. Il ne nous semble alors pas absurde de chercher à mettre en avant les actions de toutes celles et ceux qui agissent bénévolement au sein des associations ou de manière indépendante sans bénéficier de la visibilité qui permettrait d’encourager ces participations qui sont le corps du mouvement animaliste.

« Décerner un prix de l’animalisme est indécent. »

Nous ne pensons pas que l’acceptabilité publique ou dans le mouvement (la décence) doive être en soi un critère d’évaluation des actions militantes. Nous regrettons que des animalistes utilisent ce genre d’éléments performatifs relevant de la bienséance pour tenter de discréditer une initiative, plutôt que de se référer aux conséquences de cette initiative pour les animaux.

« Le mouvement animaliste n’a pour l’instant rien accompli de concret pour les animaux, il n’y a pas lieu de s’auto-congratuler. »

Nous pensons aussi que l’essentiel de la lutte animaliste reste à mener. Et c’est pourquoi nous souhaitons participer à la croissance d’un mouvement efficace et durable. C’est bien dans ce cadre que nous avons établi les objectifs du prix :

  • Valoriser les actions aidant efficacement les animaux et rendre cette valorisation socialement acceptable, afin de susciter davantage d’actions similaires.
  • Encourager l’auto-évaluation de nos actions militantes, non pas en fonction de ce qu’il nous semble correct ou valorisant de faire, mais en fonction de ce qui est le plus efficace sur le long terme pour les animaux.
  • Relayer les actions en faveur des animaux auprès des sympathisant·e·s, afin de susciter des soutiens (bénévolat, financement, relais médiatiques, etc.) et d’inspirer de nouvelles actions.
  • Créer une actualité et témoigner d’une reconnaissance du milieu animaliste envers certain·e·s de ses représentant·e·s ou initiatives, afin d’augmenter leur visibilité auprès du grand public.

Il nous semble que le mouvement animaliste progresse et est en train de remporter ses premières victoires, et nous pensons que la reconnaissance envers celles et ceux qui permettent cette progression est une clé de son accélération et de sa pérennité.